MADAR/Nouakchott le 04-03-2025
« L’hydrogène vert en Mauritanie : chaînes de valeurs et entreprenariat local » tel fut le titre de l’un des panels d’une conférence multi-acteurs organisée samedi 1er mars à Nouakchott par le think tank « Mauritanie Perspectives ».
Cette conférence qui a porté sur les ressources énergétiques en Mauritanie était co-animée par Hassana Mbeirick, expert international en énergies et CEO Meen&Meen et Aziz Dahi, CEO de Richat Partners et ancien ministre.
Dans son intervention l’expert international en énergies a souligné d’emblée que l’hydrogène vert a fait l’objet d’un effet de mode ces 3 dernières années ; Il y a eu dit-il l’effet Covid avec la rupture des chaînes d’approvisionnement et il y a eu la guerre d’Ukraine. Il ya par ailleurs l’accord de Paris qui fixe la limite de la hausse de la température globale à « bien moins de 2°C » d’ici 2100 et enjoint les États à poursuivre les efforts en direction des +1,5 °C. Donc le monde s’achemine vers la fameuse transition énergétique.
Et l’expert de rappeler que l’hydrogène vert est produit à partir de l’éolien et du solaire mais sa production nécessite une usine, un électrolyseur. Et de noter qu’il y a 2 mois on avait annoncé dans le monde plus de 400 projets d’hydrogène vert. Toutes les études, les projections les scénaris stipulaient que 50% de ces projets ne verront pas le jour. Et que pour les 50% restants si seulement 10% arrivaient à maturité, ils ne pourraient pas voir le jour vu les conditions de production en gigawatts. En effet la technologie de l’électrolyse fait encore défaut. Aujourd’hui on en est à moins 2 gigawatts de production alors que pour les 10% des projets retenus, 1700 Gigawatts sont nécessaires. Donc l’obstacle technologique se dresse encore devant la production de l’hydrogène vert et des pays qui sont en avance dans ce domaine comme les Emirats Arabes Unis et qui ont investis des dizaines de milliards de dollars en sont encore à la production de quelques gigawatts seulement.
Autre obstacle majeur pour les projets d’hydrogène vert, note l’expert, c’est la faiblesse des contrats d’achat (environ 4% seulement).
Autre problème : la certification qui fait défaut. C’est aussi un obstacle majeur. Il n’y a pas de norme. Donc la question du cadre juridique demeure entière.
Et pour parler de la Mauritanie, le pays a certes un potentiel de rang mondial mais il n’existe pas d’écosystème pour favoriser la production de l’hydrogène vert, note l’expert. Et rien ou presque n’est encore fait pour préparer cette production.
Il y a eu certes beaucoup d’accords mais tous ces contrats en hydrogène vert ne sont pas contraignants.
Le volume de production annoncé en Mauritanie est de 20 Gigawatts et le portefeuille cumulé de projets est de 100 milliards de dollars.
Le mix énergétique pour 2030 est fixé à 60%.
Il y a quelques jours l’entreprise danoise GreenGO Energy a signé un contrat avec l’Etat mauritanien, un contrat de 34 Milliards de dollars sur un espace de 100.000 ha soit une zone de 8000 Km2, couvrant une partie de la zone minière du Nord du pays.
Mais comme on a eu à le souligner tous ces contrats mirobolants peuvent s’évaporer comme neige au soleil du jour au lendemain car ils ne sont pas contraignants et peuvent être remis en cause à tout moment.
C’est dire que malgré un potentiel important qui suscite l’intérêt des grands groupes mondiaux, l’exploitation de l’hydrogène vert en Mauritanie n’est pas pour demain.
Bakari Gueye