MADAR/Nouakchott le 04-03-2025
Par Thierno Gueye/SENE.NEWS
Selon L’As, une fuite de gaz a été détectée au champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) situé à cheval sur les eaux territoriales sénégalaises et mauritaniennes depuis trois semaines. Dakar garde jusqu’à présent l’omerta autour de ce risque écologique, contrairement à Nouakchott qui a annoncé l’ouverture d’une enquête, rapporte le journal qui revient en détail sur cette affaire.
Un risque écologique à craindre au champ gazier GTA. Depuis le 19 février dernier, une fuite de gaz s’est produite. Elle a été détectée sur un des quatre puits du champ gazier durant les activités opérationnelles en cours. Il s’agit du puits nommé A02. Pour l’heure, peu d’informations filtrent sur le niveau de risque.
Selon L’As, cette fuite serait notée du côté mauritanien. Mais pour autant, le Sénégal qui partage avec son voisin du nord ce gisement gazier n’est pas épargné en cas de risque. En tout cas, Nouakchott semble le plus concerné par cette fuite de gaz. Le ministère mauritanien en charge de l’Environnement a, sous ce registre, procédé à l’ouverture d’une enquête. Elle est menée en collaboration avec les ministères du Pétrole et de la Pêche maritime, une enquête approfondie pour maîtriser la situation et minimiser tout impact environnemental potentiel, a-t-on précisé sur la page Facebook du ministère mauritanien de l’Environnement.
Sur le même post, il est indiqué que l’enquête est menée avec les autorités sénégalaises. Toutefois, Dakar est resté silencieux sur la gestion de ce risque écologique. Jusqu’à hier soir, aucun communiqué, ne serait-ce qu’à titre informatif, n’a émané des services du gouvernement. Le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines et celui de l’Environnement et de la Transition écologique gardent toujours l’omerta. Nous sommes entrés en contact avec le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines qui a promis de réagir.
Il faut tout de même relever que cette attitude a autrefois porté un coup grave à l’action de l’État. Jusqu’à l’heure, on ne sait pas ce qu’il s’est réellement passé, notamment sur le degré de gravité sur l’environnement marin. Pire, il faut noter que cet accident a eu lieu à peine quelques mois après le démarrage de l’exploitation du GTA qui a commencé en début d’année.
C’est le même mutisme chez l’entreprise britannique British Petroleum au Sénégal. Sur le site internet de la compagnie pétrolière au Sénégal, le dernier communiqué de presse remonte au 2 janvier 2025, dans lequel elle annonce en grande pompe l’acheminement du gaz des puits de gaz naturel liquéfié (GNL) vers le navire flottant de production, de stockage et de déchargement (Floating Production, Storage and Offloading, FPSO). Nous sommes entrés en contact avec les membres de BP Sénégal qui nous ont invités à contacter BP Press Office, le service de presse de la compagnie.
Cette fuite de gaz renforce la crédibilité des critiques formulées en 2018 par un groupe d’experts remettant en cause l’étude d’impact environnemental réalisée par la société BP. Il lui reprochait de ne pas avoir pris en compte certains avertissements avec le sérieux requis. L’équipe d’experts en environnement marin avait mis en évidence des erreurs graves et des sous-estimations dans l’étude d’évaluation de l’impact environnemental des opérations d’exploration et d’extraction dans le champ de gaz commun entre la Mauritanie et le Sénégal.
Elle avait exprimé de vives inquiétudes concernant les risques dévastateurs auxquels la riche biodiversité marine des eaux mauritaniennes serait exposée en raison de la construction de plateformes offshore pour l’extraction de gaz dans le champ GTA, en l’absence d’une réévaluation appropriée de l’étude d’impact environnemental par BP. Face à ces vives critiques, le Sénégal avait, en 2018, demandé un avis indépendant en saisissant la commission néerlandaise d’évaluation environnementale sur l’efficacité de la stratégie environnementale soumise par British Petroleum.