MADAR/Nouakchott le 29-05-2025
Il n’est pas habituel dans les milieux diplomatiques de former un comité pour mener une campagne diplomatique, tout en excluant le chef de la diplomatie, qui est principalement confié au secteur des affaires étrangères.
Une campagne réussie malgré l’absence du ministère des affaires étrangères
La campagne du candidat mauritanien à la présidence de la Banque africaine de développement, l’ancien ministre Sidi Ould Tah, a fait figure d’exception, puisque le président mauritanien Mohamed Cheikh Ghazouani a formé deux comités pour superviser la campagne, l’un dirigé par le Premier ministre Mokhtar Ould Diaye et l’autre coordonné par le ministre de l’économie et des finances Sid Ahmed Bouh.
La direction de la campagne du candidat mauritanien Sidi Ould Tah a été marquée par l’absence du ministre des affaires étrangères Mohamed Salem Ould Merzoug, qui est revenu quelques jours après la formation de la direction de la campagne de Ould Tah de la présidence des ministres des affaires étrangères de l’Union africaine, la première cible de cette campagne.
Présence remarquée de Ould Bouh Les justifications
Cependant, l’apparition du ministre de l’économie et des finances, Sid Ahmed Ould Bouh, en tant qu’envoyé spécial du président Mohamed Cheikh Ghazouani auprès de certains dirigeants africains, et son installation dans l’esprit de l’observateur comme représentant de la diplomatie mauritanienne dans l’un des plus grands tests diplomatiques au niveau continental et international, suscite beaucoup d’interrogations sur les raisons de l’absence ou du manque de présence du ministre des affaires étrangères à un moment où il est attendu au premier plan.
Quelque temps après la formation des comités de campagne, le nom du ministre des Affaires étrangères est apparu comme membre d’un comité de pilotage rattaché aux comités formés pour gérer la campagne, ce qui a été perçu par les observateurs comme l’écartant des tâches de coordination et des réunions, visites et mobilisations sur le terrain qu’elles requièrent.
La direction de la campagne par M. Ould Bouh, alors que l’on parle d’un conflit entre les ailes du régime
La direction de cette campagne par M. Ould Bouh est intervenue alors que l’on parlait d’un conflit de compétences au sein du cabinet de M. Ould Ghazwani entre le Premier ministre et son équipe, d’une part, et les piliers traditionnels du régime Ghazwani, tels que les ministres de l’intérieur, des affaires étrangères et de la défense, d’autre part.
Selon certaines sources, lorsque le deuxième cabinet de Ghazouani a été formé, le ministre des affaires étrangères Mohamed Salem Merzoug a refusé d’être informé par le cabinet pour assumer un autre portefeuille, affirmant qu’il avait été nommé à un portefeuille souverain en tant que ministre de l’intérieur par le président, et que seul ce dernier pouvait le nommer à un autre portefeuille souverain.
Ce refus, selon des sources, est ce qui a retardé l’annonce du gouvernement pendant des heures après que Ould Merzoug ait été convoqué à la présidence et lui ait attribué le portefeuille des affaires étrangères au lieu de celui de l’intérieur, auquel le chef de cabinet a été transféré.
Le caractère économique de la campagne favorise Ould Bouh
L’activité du ministre de l’économie et des finances et ses fréquents déplacements à l’extérieur du pays dans le cadre des tâches liées au travail du comité de coordination de la campagne de Ould Tah ont été considérés par les observateurs comme normaux étant donné que la campagne est liée à une position économique, mais d’autres estiment que les décisions de vote dans ces élections sont des décisions souveraines prises par les chefs d’État sur la base de leurs intérêts et de leurs relations, loin de la diligence et des choix des ministres de l’économie et des gouverneurs de banque.
Au cours des deux derniers mois, M. Ould Bouh s’est déplacé plus d’une dizaine de fois, tantôt en tant qu’envoyé spécial du président Mohamed Cheikh Ghazouani auprès d’un dirigeant africain, tantôt pour participer à une conférence, souvent en marge de laquelle se tiennent des réunions de soutien au candidat mauritanien à la tête de la Banque africaine de développement, en l’absence totale du chef de la diplomatie.
Des efforts qui portent leurs fruits Quelle est la suite des événements ?
Aujourd’hui, le candidat mauritanien Sidi Ould Tah a été déclaré vainqueur de la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) après une campagne qualifiée de réussie, avec une mobilisation diplomatique et une couverture médiatique qui, selon les observateurs, ont joué un rôle prépondérant pour en faire une bataille diplomatique décisive.
Ce succès diplomatique mauritanien, qui s’est déroulé en dehors de la coordination du ministère mauritanien des Affaires étrangères, soulève de nombreuses questions sur les relations entre le directeur de campagne du candidat mauritanien, le Premier ministre Mokhtar Ould Diaye, et le ministre des Affaires étrangères Mohamed Salem Merzoug, d’autant plus que le ministre de l’Économie est considéré comme l’un des ministres affiliés à Ould Diaye.