MADAR/Nouakchott le 18-09-2024
Je m’appelle Boubacar Bocoum, je suis analyste au Centre d’études stratégiques Sénèque à Bamako, au Mali. D’abord un double symbole, il faut d’abord savoir qu’aujourd’hui il était prévu le jugement de certains officiers supérieurs de l’armée malienne, ça c’est un premier élément qui fait une coïncidence troublante, ensuite vous avez l’anniversaire des 64 ans de la gendarmerie nationale qui a été créée le 17 septembre 1960. Donc à double titre, aujourd’hui que cet espace soit cible d’une attaque voudrait dire… Non c’est pas grave.
D’accord, ok. Donc c’est important de comprendre aussi que ces deux facteurs rendent effectivement cette attaque vraiment très très troublante. De ce point de vue ce n’est pas une surprise, ce n’est pas une énorme surprise de savoir qu’aujourd’hui que les terroristes essayent de faire douter le peuple malien, de venir attaquer jusqu’à Bamako pour donner l’impression que cette armée que nous prétendons en train de montrer en puissance qu’elle n’en n’est pas une, qu’elle est incapable de contrer le terrorisme.
C’est ça un peu le message de désolation qu’on veut créer, le message de doute qu’on veut créer dans l’esprit des maliens. Mais juste il faut le rappeler qu’en 2001 quand le World Trade Center a été bombardé, les deux tours sont tombés, cela ne voudrait pas dire qu’il n’y avait pas une armée puissante, cela ne voudrait pas dire que les États-Unis n’étaient pas considérés comme une puissance militaire. Donc au-delà de la force militaire, il y a toujours une faille sécuritaire quand il s’agit du terrorisme parce qu’il s’agit de recruter un personnel non porteur d’uniforme, non porteur d’armes qui est capable à tout moment de muter pour devenir une bombe vivante.
Donc de ce point de vue, c’est très difficile effectivement de faire le distinguo entre effectivement le terrorisme et ceux qui attaquent de façon frontale. Donc c’est sûr aujourd’hui que le message est très clair, mais c’est un signal fort aussi qui montre que le terrorisme est en perte de vitesse. Si aujourd’hui à défaut de pouvoir attaquer de façon frontale les positions militaires et qu’ils viennent en ville se dissimuler dans la population civile, ça voudrait dire qu’effectivement ils sont en perte de vitesse.
Source : Boubacar Bocoum, Analyste au Centre d’études stratégiques Sénèque