MADAR/Nouakchott le 02-12-2025
Un groupe de citoyens mauritaniens a exprimé sa profonde inquiétude face à certains déséquilibres sociaux qui, selon eux, « affectent notre unité nationale et exacerbent les défis auxquels notre cher pays est confronté ».
Dans une lettre intitulée « Arrêtons ensemble les tendances réactionnaires destructrices », adressée au Président Ould Ghazouani, le groupe a déclaré qu’il considérait le Président de la République comme le premier à être alerté de ces préoccupations, car il est le principal protecteur des intérêts du peuple mauritanien et le principal soutien de son développement et de son processus politique.
La déclaration se lit comme suit : « Nous notons que vos discours, vos déclarations officielles et vos préoccupations personnelles ont été caractérisés par une focalisation sur les principes de renforcement de la cohésion nationale et de reconnaissance de la diversité culturelle et sociale du pays, et tout en appréciant cette tendance positive dans la vie de la République Islamique de Mauritanie. Tout en appréciant cette évolution positive de la vie de la République Islamique de Mauritanie, nous soulignons qu’elle a encore plus besoin, à l’heure actuelle, des efforts concertés de toutes les forces, composantes sociales et institutions nationales publiques et privées pour réaliser la cohésion entre les composantes du peuple et renforcer la position de notre pays dans le monde ».
La lettre souligne que parmi les déséquilibres sociaux et culturels croissants, l’incapacité des visions classiques et archaïques à offrir des options alternatives de réforme a contribué à l’expansion des problèmes fondamentaux de la Mauritanie (esclavage, discrimination, empiètement de l’État, limites de la liberté et de la participation) et d’autres problèmes. Sans l’application stricte de la loi et de l’ordre conformément à l’intérêt national, de nombreuses manifestations négatives continueront à proliférer en raison de l’absence d’un modèle et d’une capacité institutionnelle à assurer la justice et l’égalité des chances pour tous, sans exception.
La déclaration se poursuit : « Si nous ne corrigeons pas le tir, notre pays, qui se traîne depuis 2022 dans l’indice de développement humain (IDH) des Nations unies dans la catégorie « faible développement humain », dont de nombreux pays sont sortis et nous sommes restés bloqués en raison de l’absence de toute réflexion critique ou réformatrice sérieuse, et dans ce contexte, des phénomènes plus inquiétants se multiplient, notamment, pour n’en citer que quelques-uns :
La propagation de la pauvreté dans de nombreuses régions et zones, ce qui entraîne une augmentation du fossé entre les classes sociales et accroît l’inégalité spatiale.
La disparité des opportunités et des écarts entre les différents groupes sociaux, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et du travail, qui a rendu de grandes communautés telles que Lahratine et Lamalameen vulnérables à l’absence de justice sociale.
L’absence d’une vision critique des récits historiques et culturels en circulation, qui tendent à être idéologisés, menaçant les histoires orales des groupes marginalisés, éliminant leur présence dans l’histoire commune des Mauritaniens, et exacerbant leurs souffrances continues.
La lettre passe en revue ce qu’elle décrit comme les dangers de l’escalade du tribalisme et du régionalisme, soulignant que la Mauritanie a récemment été témoin d’une escalade sans précédent des tendances tribales, régionales et ethniques, ce qui constitue une menace pour l’unité nationale et porte atteinte à la cohésion de la Mauritanie Ces clivages, parfois idéologiques et parfois méfiants les uns envers les autres, contribuent clairement à la création d’un environnement de division et de conflits de classe incontrôlés.
Parmi les propositions, la lettre mentionne l’encouragement des forums, des groupes de réflexion, des médias et des universités à préparer des recherches et des études critiques et objectives sur notre histoire nationale et les questions sociales fondamentales, loin des tendances destructrices et irresponsables qui tentent de nier la pensée critique dans les questions sociales et les récits non fondés.
La lettre insiste sur le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation à l’importance de la citoyenneté et à la nécessité de s’attaquer aux tendances tribales et régionales, soulignant que cette campagne devrait inclure tous les segments de la société, y compris les écoliers et les élèves des écoles publiques, et passer par divers médias, ainsi que promouvoir des réformes sociales qui garantissent une répartition équitable des ressources et des services entre les différentes régions, et réduire la pauvreté et la vulnérabilité grâce à des projets de développement axés sur l’amélioration de l’infrastructure et des services de base.
Il a souligné la nécessité de poursuivre la réforme du système éducatif afin de garantir l’égalité des chances en matière d’éducation pour tous les groupes sociaux, culturels et linguistiques, et de maintenir les programmes scolaires et l’ensemble du système éducatif à l’abri des changements de tempérament, politiques et idéologiques et de la privatisation, tout en inculquant des valeurs civiques aux jeunes, en plus d’activer le rôle des organismes nationaux concernés par la protection des droits sociaux et de l’égalité, et d’intensifier les efforts du gouvernement pour éliminer toute forme de discrimination raciale, régionale ou tribale.
La lettre a été signée par :
M. Mohamed Lemine Haibala (économiste et militant des droits de l’homme)
Dr Mohamedou Ould Mohamed Mokhtar (professeur d’université et avocat devant les tribunaux mauritaniens)
Dr Mohamed Ould Mahfouz (professeur d’université)
Mme Yandé Sall (militante des droits de l’homme, ancienne membre du Mécanisme national de prévention de la torture)
M. Brahim Bilal Ramadan, Président de l’agence Sahel pour l’éducation et les droits de l’homme
Mme Mariam Ngaidé (militante des droits de l’homme, membre de l’Observatoire national des droits de la femme et de la fille)
M. Abidine Ould Marzouk, militant des droits de l’homme basé en Allemagne
M. Mohamed Ould Borbos (professeur et homme politique)
M. Hamada Ould Bneijara (militant des droits de l’homme et militant associatif)
M. Sidi Othman Ould Cheikh Taleb khiar (militant des droits de l’homme et économiste)
M. Yacoub Yacoub (activiste des droits de l’homme)
M. Abeid Ould Imijn (militant des droits de l’homme et président du Forum Awasir pour le dialogue et l’étude des droits de l’homme).