MADAR/Nouakchott le 26-06-2025
Des PME et coopératives dirigées par des femmes et des jeunes en Mauritanie ont participé aujourd’hui à un atelier virtuel organisé par le Bureau sous-régional pour l’Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique (CEA-SRO-NA).
Ce programme d’appui au PME qui existe depuis plusieurs années a été étendu en y intégrant les jeunes. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des ateliers de renforcement des capacités des femmes cheffes d’entreprises, qui ont connu un grand succès en Libye, en Mauritanie et au Maroc.
Le programme vise à améliorer l’accès des PME aux marchés internationaux- et en particulier le marché africain-à favoriser leur digitalisation et à encourager l’adoption de pratiques vertes et durables. L’objectif est de promouvoir une économie mauritanienne compétitive, durable et inclusive, en tirant pleinement parti du potentiel entrepreneurial des jeunes et des femmes.
L’atelier a été organisé en collaboration avec la Cellule « VADAAT EL AAMAL » qui est rattachée au Cabinet du Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.
VADAAT EL AAMAL ou Halles d’Entreprises, consiste en une plate-forme intégrée d’appui-conseils et de services spécialisés dédiés aux porteurs de projets innovants pour traduire leurs idées en opportunités d’affaires, a pour objectif d’encourager l’entreprenariat local adapté à l’exploitation du potentiel prédominant à fort potentiel de développement afin de promouvoir un dynamisme économique contribuant à la création d’emploi décent et à la valorisation des produits locaux.
Les PME jouent un rôle capital dans le tissu économique mauritanien
Ouvrant l’atelier, Mr Adam B. Elhiraika Directeur du Bureau de la CEA (Commission Economique pour l’Afrique) en Afrique du Nord a affirmé que l’atelier est organisé en prélude au lancement du programme d’appui aux PME en Afrique du Nord soulignant au passage que les PME jouent un rôle capital dans le tissu économique mauritanien où elles pèsent 30% du PIB et représentent 45% des emplois. Et de poursuivre en affirmant que l’appui à ce type d’entrepreneurs est très important pour le développement du pays.
Le directeur a rappelé que depuis 2022, le Bureau de la CEA a lancé un programme pour renforcer les capacités des PME dirigées par des femmes et des jeunes afin de créer un environnement favorable au développement économique durable dans le cadre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf).
La première étape de ce programme a été lancée en 2023/2024 avec l’appui de la BERD (Banque Européenne de Reconstruction et de Développement). Il offre des dispositifs de soutien aux PME, notamment dans les domaines de l’innovation, de l’exportation et de la digitalisation. Ces initiatives visent à renforcer la compétitivité des PME, à stimuler la création d’emplois et à favoriser l’entrepreneuriat, en particulier chez les femmes.
Cette première phase a profité à 8 régions du Maroc. Le programme a ensuite été élargi pour couvrir la Libye, la Tunisie et la Mauritanie.
Et en 2024, un appui supplémentaire a été apporté à la Mauritanie pour étendre le programme aux jeunes et aux femmes.
Mr Adam a affirmé que l’atelier d’aujourd’hui est le premier de l’année et vient en prélude à l’atelier qui sera organisé en présentiel à Nouakchott, du 08 au 11 juillet prochain.
Pour Mr Saad Bouh, porte-parole la Cellule « VADAAT EL AAMAL », ce programme de la CEA aura un grand impact pour cette frange d’entrepreneurs.
Dans sa présentation, Mme Wafa Aidi, Chargée des affaires sociales, Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord a rappelé que le programme vise à améliorer les compétences des PME dirigées par des femmes et des jeunes en matière d’exportation, de digitalisation et de pratiques écologiques durables. Il offre aussi aux décideurs une stratégie multidimensionnelle articulée autour de trois axes principaux, conçus pour atténuer les obstacles que rencontrent les femmes et les jeunes entrepreneurs et les PME dans la région à savoir l’accès aux marchés, et la compétitivité et développement des produits exportables ; L’accès des PME au financement et à la gestion financière qui sera conçu pour aider les PME à renforcer leurs capacités financières et à obtenir le financement nécessaire à leur croissance. Et le 3ème axe consistant à promouvoir la digitalisation et l’adaptation aux changements climatiques.
Grandes opportunités offertes à la Mauritanie par le marché africain
Mme Wafa a donné un aperçu sur le programme du prochain atelier de Nouakchott qui se penchera entre autres sur les concepts clés dont l’appropriation sera nécessaire pour les entrepreneurs, le financement et gestion financière, PME 2.0, la durabilité comme passeport pour l’exportation, le contexte économique mauritanien, les opportunités offertes par la ZLECAF pour la croissance et le développement des entreprises, les questions de la digitalisation et de l’adaptation au changement climatique.
Les présentations couvriront d’autres thèmes concernant les marchés disponibles, la certification et les normes, la stratégie pour s’étendre au marché africain, la finance verte, les partenaires stratégiques, la question de la cyber sécurité, l’amélioration des normes écologiques.
La panéliste a souligné que le contexte économique et les opportunités offertes par le marché africain sont très favorables pour la Mauritanie qui de par son positionnement stratégique constitue un carrefour avec les produits miniers, agricoles, de pêche, l’artisanat, le tourisme…
Mais malgré tous ces atouts les échanges avec le marché africain ne dépassent pas 11%, d’où une marge de progression considérable.
Aujourd’hui les échanges de la Mauritanie sur le continent se font essentiellement avec le Maroc, l’Algérie et la Côte d’Ivoire et très peu avec la CEDEAO. De ce fait, la Mauritanie a plus vocation d’intégration avec le Maghreb qu’avec l’Afrique de l’Ouest.
Ainsi, l’intégration des PME mauritaniennes est la condition pour une meilleure inclusivité en Afrique. Et cela est possible car le pays est bien positionné par rapport à la signature de l’accord de la ZLECAf. Beaucoup de réformes ont été entreprises en Mauritanie dans ce cadre avec notamment la signature du protocole de commerce, des biens et services ainsi que de la réglementation mise en place dans le cadre du protocole d’intégration des jeunes et des femmes dans le commerce.
Tout cet arsenal juridique est maintenant finalisé au niveau continental et même sur le plan tarifaire les obstacles sont levés.
Rappelons que ce programme de la CEA destiné aux jeunes et femmes entrepreneurs s’inscrit dans le cadre de la réalisation de plusieurs Objectifs de Développement Durable (ODD)-ODD 5 (Égalité des sexes), ODD 8 (Travail décent et croissance économique), et ODD 9 (Industrie, innovation et infrastructure), ODD 12 (Consommation et production responsables), et finalement ODD13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques).
Bakari Gueye
