MADAR/Nouakchott le 23-10-2024
L’échec de l’opération militaire lancée par les forces armées maliennes avec le groupe russe « Wagner » contre les mouvements azawadiens a révélé de profondes divergences et méfiances entre les deux parties, selon le magazine français Jeune Afrique.
Le magazine français ajoute dans son article que l’alliance entre le groupe et l’armée malienne pourrait conduire à un changement de stratégie face à ce qu’il qualifie de rebelles.
Une vengeance sans combat
Le magazine confirme que l’opération, qui se dirigeait vers Tinzawaten et s’intitulait « Opération vengeance », a duré une dizaine de jours avant que le convoi, qui comprenait des éléments de l’armée malienne et des forces du groupe Wagner, ne rebrousse chemin sans livrer bataille.
Alors que l’objectif déclaré de l’opération était de récupérer les dépouilles des soldats morts lors des batailles de juillet dernier, l’opération « vengeance » a échoué, selon le magazine.
Beaucoup s’attendaient à ce que les forces armées maliennes et les unités Wagner lancent une offensive de grande envergure contre les rebelles du « Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad », qui contrôlent la ville de Tinzawaten près de la frontière algérienne, en réponse à la défaite des forces gouvernementales.
Le magazine cite une source militaire malienne : « La bataille de juillet est une insulte à laquelle il faut répondre. Mais nous ne nous précipiterons pas, ce qui explique le retour du convoi à Kidal, le commandement militaire estimant que les conditions ne sont pas encore favorables pour mener à bien cette mission.
Tensions entre les deux camps
Selon le magazine, l’opération « vengeance », qui a mobilisé une trentaine de véhicules militaires et qui comprenait des soldats des forces d’intervention et des membres de la Garde nationale, a révélé l’existence de vives tensions entre l’armée malienne et les unités de Wagner.
Dans des messages publiés sur Telegram, les unités de Wagner ont critiqué les soldats maliens et parlé de leur « manque de professionnalisme ».
Le magazine rappelle que son correspondant Mathieu Olivier avait précédemment publié une analyse dans laquelle il expliquait que la tension entre les deux parties avait commencé il y a plusieurs mois, soulignant que « les unités Wagner ont traité les forces de l’armée malienne avec une sorte de dédain depuis qu’elles sont arrivées dans le pays. Elles sont arrivées comme des sauveurs et n’avaient donc pas une image positive de l’armée malienne.
« Cette perception a créé des problèmes du côté malien, car les officiers supérieurs n’ont pas apprécié le mépris que les combattants de Wagner manifestaient à leur égard », explique Olivier.
« Ces tensions, de plus en plus visibles, vont renforcer la ‘stratégie du drone’ que l’armée malienne a récemment commencé à adopter face aux djihadistes et autres groupes armés, à l’instar des armées du Burkina Faso et du Niger », conclut le magazine.