Kagame sur le point de terminer sa troisième décennie au pouvoir

MADAR/Nouakchott le 15-07-2024

Les Rwandais se rendront aux urnes lundi pour élire un président parmi trois candidats, la même liste que celle qui s’est disputée la présidence en 2017, ce qui signifie qu’aucune surprise n’est attendue sept ans après la dernière élection présidentielle et près de 24 ans de règne du même président.
La liste des candidats comprend l’actuel président et candidat du FPR, Paul Kagamé, qui brigue un quatrième mandat présidentiel. Il est arrivé au pouvoir en 2000 et a participé aux élections après l’adoption d’une nouvelle constitution en 2003, puis en 2010 et en 2017.
Paul Kagamé a dirigé l’aile militaire du FPR au début des années 1990, qui est arrivé à Kigali en juillet 1994 pour mettre fin au génocide contre les Tutsi, après une guerre féroce qui a fait des centaines de milliers de morts et, selon certaines estimations, près d’un million de morts.
Le second candidat, Frank Habineza du Parti démocratique vert, se présente pour la deuxième fois à la course présidentielle après sa première participation en 2017.
Connu pour son activisme environnemental au Rwanda et en Afrique en général, Frank a été élu parlementaire en 2018 et est titulaire d’un doctorat honorifique en sciences humaines.
En lice contre les deux précédents candidats, un candidat indépendant, Philippe Mpimana, écrivain et militant des droits de l’homme, titulaire d’un master en journalisme de l’École supérieure de journalisme de Paris, et d’un master en langues, histoire et géographie.
La majorité des quelque 9,5 millions d’électeurs devrait choisir le président Paul Kagamé, l’artisan de la renaissance du pays, le créateur de son développement économique et social, et le tisseur des fils de sa stabilité sociale.
Sous Kagamé, le Rwanda a atteint les taux de croissance les plus élevés du continent africain et est devenu une destination privilégiée pour les touristes et les investisseurs, ainsi qu’un exemple africain de sortie de l’enfer des guerres et des combats pour se hisser au rang des pays du continent, du développement, de la stabilité et de la construction.
Toutefois, ce palmarès est contrebalancé par des restrictions des droits et des libertés et par des poursuites judiciaires à l’encontre des opposants qui cherchent à créer un changement et une rotation du pouvoir, et à établir une véritable démocratie qui ne soit pas seulement à la taille de Kagamé.
De nombreuses voix politiques et de défense des droits de l’homme ont adopté cette option, mais beaucoup d’entre elles ont été contraintes de vivre en exil par crainte d’être emprisonnées, tandis que ceux qui restent opposés à Paul Kagamé dans le pays évoluent dans un espace de liberté étroit et ne peuvent mener aucune action efficace.
Au cours de son quatrième mandat, Paul Kagamé est confronté à plusieurs questions, dont l’avenir des relations de son pays avec la République démocratique du Congo (RDC) voisine, avec laquelle les tensions semblent s’accroître, le président Félix Tshisekedi ayant récemment accusé le Rwanda d’organiser un « génocide » dans l’est du Congo, riche en ressources minérales, où sévit le groupe M23, que Kigali est accusé de soutenir.
Kagamé a répondu que son pays était prêt à entrer en guerre avec la RDC si nécessaire, critiquant la promotion par Tshisekedi d’une idéologie « génocidaire » contre les Tutsis congolais. Il a également nié la présence de soldats rwandais au Congo, soulignant la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de la tension.
Le deuxième dossier auquel Kagamé sera confronté est lié à la migration et à l’asile, pour lequel le Rwanda a signé un accord avec la Grande-Bretagne, selon lequel Kigali accueillerait les demandeurs d’asile arrivant au Royaume-Uni par le biais de la migration irrégulière, mais le plan signé avec le Parti conservateur, le chef du Parti travailliste, le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé l’abandon du plan.
Cet accord est important pour le Rwanda, car il a favorisé sa contribution à la recherche de solutions à la crise mondiale des migrations et des réfugiés, mais il est également important pour le Rwanda en raison de l’avantage financier, car il a reçu 280 millions d’euros, et lorsque l’annulation de l’accord a été annoncée, Kigali a répondu qu’il ne rendrait pas les montants reçus.
L’annulation de cet accord signifie que le Rwanda devra, dans la période à venir, chercher des sources de financement pour relancer son économie, affectée par la pandémie sanitaire mondiale et la guerre russo-ukrainienne.

 

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