Le Monde : Des groupes extrémistes utilisent des drones bon marché pour attaquer le Sahel

MADAR/Nouakchott le 26-07-2025

Selon le journal français Le Monde, une augmentation sans précédent de l’utilisation de drones par des groupes armés dans la région du Sahel, en particulier par le Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a récemment été détectée.

Le rapport, préparé par le Policy Centre for the New South au Maroc, documente plus de 30 attaques confirmées utilisant des drones depuis septembre 2023, dont 82 % ont été menées entre mars et juin 2025.

Le rapport ajoute que Nusrat al-Islam wal-Muslimin (NIM) a utilisé des drones pour larguer des explosifs lors de son attaque contre la base militaire de Boulixi au Mali début juin et a annoncé avoir tué plus de 100 soldats maliens.

Le rapport, publié par Le Monde vendredi, indique que ces drones, qui étaient auparavant utilisés à des fins de reconnaissance et de collecte d’informations, sont désormais devenus une arme directe dans la bataille.

En septembre dernier, le groupe a lancé sa première attaque armée avec un drone artisanal, larguant deux engins explosifs sur des positions de la milice Dan na Ambassago dans le centre du Mali, selon le rapport.

Le journal explique que le groupe s’appuie sur des drones commerciaux bon marché de type DJI chinois, vendus dans les magasins de Bamako et de Ouagadougou pour un prix compris entre 300 et 500 euros, puis transformés en drones d’attaque porteurs d’explosifs improvisés activés à distance à l’aide d’un téléphone portable.

Le rapport souligne également le rôle de l’intelligence artificielle dans le développement de ces capacités, car elle permet aux combattants de modifier facilement le logiciel de l’avion, d’ajuster sa trajectoire et de contourner les défaillances techniques, le tout au moyen d’outils pouvant être transférés par clé USB.

Nusrat al-Islam s’est inspiré du modèle de guerre de drones à bas prix en Ukraine, où des technologies similaires sont utilisées, a déclaré le chercheur Reda al-Yamouri, coauteur du rapport. Le rapport souligne la coopération indirecte de l’Ukraine avec les rebelles du Front de libération de l’Azawad qui combattent l’armée malienne et les forces russes affiliées à l’Africa Corps (le nouveau nom de Wagner), qui ont contribué au développement de cette expertise.

Les drones sont également devenus un outil de propagande, les groupes armés imitant le style des armées régulières et postant des vidéos de leurs attaques sur les réseaux sociaux pour démontrer leur puissance et leur influence.

Le Mali et le Burkina Faso possèdent ensemble moins de 20 drones Bayraktar TB2 de fabrication turque, qui coûtent 4,6 millions d’euros chacun. Malgré leur efficacité pour effectuer des frappes de précision, l’impact psychologique des drones utilisés par les groupes armés n’en est pas moins dangereux, d’autant plus que la publication de vidéos après chaque opération s’intensifie.

Le journal met en garde contre l’extension de ce phénomène aux pays voisins comme le Bénin et le Togo, où le groupe est déjà actif.

La menace des drones ne se limite plus au trio sahélien, mais risque de s’étendre à l’ensemble de la côte ouest, étant donné la facilité d’accès à cette technologie et l’échange de technologie entre les groupes armés de la région.

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