Les femmes à l’épreuve de l’infertilité en Mauritanie

MADAR/Nouakchott le 10-05-2024

F.K institutrice à Nouakchott mariée depuis 7 ans n’avait pas encore d’enfant, ce qui l’a amené à faire recours à la procréation Médicalement Assistée (PMA), une prestation dont elle a pu bénéficier au niveau de la clinique privée tenue par le Professeur Sidi, la seule en Mauritanie qui assure ce service depuis plus de vingt ans.

Cette prestation coûte très chère, aux environs d’un million d’ouguiyas et n’est pas à la portée de beaucoup de femmes victimes d’infertilité, une question qui demeure taboue en Mauritanie selon le Dr Moustapha médecin en poste à l’intérieur du pays.

Mais des ONG comme l’association mauritanienne pour la promotion de la santé de la reproduction, s’intéressent à la question et organisent régulièrement des journées de sensibilisation sur la question.

En Mauritanie il n’existe pas de prise en charge de la PMA au niveau des services sanitaires publics, ce qui rend la tâche difficile pour beaucoup de femmes vivant dans la précarité.

Selon une étude de la Banque Mondiale publié en 2021, le taux de fertilité en Mauritanie était de 4,4% par femme. Aujourd’hui il serait de 5,8 selon un responsable du projet national de la santé de la reproduction.

A noter que l’infertilité se définit comme l’absence d’enfant après 2 ans de mariage. Elle est classée en infertilité primaire lorsque la femme a pu à un moment donné avoir un enfant et l’infertilité secondaire qui se caractérise par l’incapacité à mener une grossesse à terme après avoir donné naissance avec succès à au moins un enfant précédemment.

Causes et conséquences de l’infertilité

Grâce aux progrès de la médecine, l’infertilité devient aujourd’hui un phénomène réversible. Les méthodes d’exploration basées sur le spermogramme pour l’homme et sur les bilans (organique et hormonal),  chez la femme, le phénomène est facilement traitable selon les médecins, entre autres par le biais de la fécondation in-vitro.

Pour le Dr Brahim spécialiste en imagerie médicale  si avant on pensait que la stérilité du couple concernait uniquement la femme, la réalité montre aujourd’hui que les hommes aussi sont concernés quoique dans une moindre mesure.

Les études ont montré que dans 2/3 des cas c’est la femme qui est concerné. Cela s’explique par le fait qu’elle a beaucoup de pathologies gynécologiques. Etant donné que le cycle de la fécondation est multiple, il y a les maladies de l’utérus qui peuvent rendre la femme stérile. Entre autres les maladies de la trompe et les maladies de l’ovaire. En effet si on considère la fécondation, c’est le sperme qui va entrer dans la cavité vaginale, qui va être attiré par l’ovule qui va passer à travers l’utérus, à travers la trompe au niveau du pavillon à côté de l’ovaire et c’est là que se déroule la fécondation. Et il y aura un retour pour la nidation dans l’utérus.

Donc toute la pathologie de l’utérus, toute la pathologie de la trompe et toute la pathologie de l’ovaire sont concernées par cette infertilité chez la femme.

Parmi les maladies de l’utérus qui empêchent la fécondation et la grossesse, ce sont surtout les fibrons.

C’est une maladie du muscle de l’utérus avec un processus tumoral qui parfois ne permet plus la nidation. Et même s’il y a la nidation il provoque des avortements.

Parfois, dans les maladies de l’utérus il y a la fécondation, il y a la nidation, à partir du 4ème, 5ème, 6ème mois il y a les maladies du col qui provoquent l’avortement car le col ne peut pas retenir la grossesse et on appelle ça la béance cervico-isthmique. L’utérus n’arrive pas à retenir le fœtus qui va tomber. Et dans ce cas on fait un cerclage au niveau de l’utérus pour arrêter cet avortement spontané.

Parmi les maladies de la trompe il y a surtout les salpingites et les processus infectieux au niveau de la trompe vont provoquer un rétrécissement qui ne permet plus au sperme de passer dans la trompe à cause d’une strangulation.

Et parmi les maladies de l’utérus il y a celles de la cavité utérine, les synéchies utérines où on assiste aux parois de l’utérus qui se collent entre elles, à cause d’un avortement antérieur et un curetage mal fait.

Cela provoque souvent un hydrosalpinx, une complication d’une salpingite non traitée.

Concernant les  maladies de l’ovaire, ce sont surtout des maladies hormonales. Il s’agit de l’hormone qui vient de la tête de l’hypothalamus vers l’hypophyse et de l’hypophyse vers l’ovaire, c’est cette hormone qui va réguler le cycle de l’ovule jusqu’à sa sortie à l’issue du cycle menstruel et si le cycle est perturbé, il n’aura pas d’ovulation.

Et s’il n’y a pas d’ovulation, il n’y aura pas de fécondation. Il y a une maladie particulière qui s’appelle l’endométriose qui est un élément actif de la stérilité. La femme atteinte de cette maladie a des dysménorrhées, des douleurs aigues survenant au moment des règles. Et les inflammations provoquées bloquent le transport du sperme dans la trompe et empêchent l’ovulation.

Dans le bilan de la stérilité on procède à une radiographie spéciale appelée l’hystérosalpingographie (HSG) pour vérifier l’état de l’arbre génital féminin.

Chez l’homme on fait un spermogramme. Certains spermes sont en effet de mauvaise qualité. Dans une goûte de sperme il y a des millions de spermatozoïdes mais parfois il y a un déficit, ce qu’on appelle une azoospermie. Certains hommes souffrent d’une absence totale de spermatozoïde dans leur sperme. La qualité et la quantité de spermatozoïdes est un facteur important et décisif.

La prostate doit aussi être examinée chez l’homme s’il ne souffre pas de prostatite chronique ou d’hypertrophie de la prostate.

Et il y a surtout une maladie du testicule appelée la varicocèle qui influe négativement sur la qualité des spermatozoïdes.

Les hommes atteints de cette maladie sont hypoféconds.

Autre maladie chez l’homme c’est la cryptorchidie qui se manifeste par l’absence du testicule dans la bourse. Elle est due à un défaut de migration du testicule pendant la quinzième semaine intra-utérine.

Mais ces deux dernières maladies chez l’homme sont curables grâce à un traitement chirurgical qui consiste à sortir les testicules dans la zone extérieure, s’agissant de la cryptorchidie.

Et, pour la varicocèle il faut ligaturer les veines pour qu’elles ne chauffent plus le testicule.

A noter enfin qu’en Mauritanie comme ailleurs en Afrique les femmes victimes de l’infertilité sont souvent stigmatisées et vues d’un mauvais œil. Elles sont objet de commérages et d’accusations farfelues.

Poussées par le désespoir certaines  essaient par tous les moyens de trouver une solution et font recours à la médecine traditionnelle et aux marabouts et autres charlatans.

Mais comme le souligne le Dr Moustapha, le seul traitement qui vaille est celui de la médecine moderne.

Bakari Gueye

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