MADAR/Nouakchott le 15-12-2025
Les activités de la caravane de presse organisée par les principales institutions de l’ONU intervenant au Guidimakha ont débuté ce matin à Sélibaby.
Il s’agit en l’occurrence du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP/UNFPA), du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme (HCDH) et de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).
Cette caravane qui implique des journalistes spécialisés sur les questions de population et développement sélectionnés en collaboration avec le Ministère de la Culture, des Arts et de la Communication, vise à promouvoir l’impact des interventions conjointes des Nations Unies, en particulier celles en lien avec la santé et le genre, dans la région du Guidimakha à travers une couverture médiatique inclusive.
Il s’agit aussi pour les journalistes de constater de visu les progrès réalisés et de contribuer à la diffusion des bonnes pratiques, des réussites et témoignages en lien avec les interventions des Nations Unies et de ses partenaires dans la région.
En ce qui concerne le FNUAP, cette mission de terrain va permettre aux journalistes de faire des rencontres et des interviews avec les bénéficiaires, les autorités locales et les autres partenaires.
Il s’agira aussi de leur présenter les différents volets de l’intervention de l’UNFPA dans la région, avec notamment, la Clinique mobile, le Centre d’écoute des jeunes, la Plateforme de lutte contre les VBG, la Savonnerie de Tachott, la Plateforme juridique (Mouslih) et les Comités villageois.
Il convient de souligner que l’intervention des partenaires Onusiens entre dans le cadre de la mise en œuvre du Cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable (UNSDCF 2024–2027) signé entre le Gouvernement de la République Islamique de Mauritanie et le Système des Nations Unies, plusieurs interventions conjointes sont déployées dans la région du Guidimakha, zone de convergence, afin d’accélérer les progrès vers les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment ceux relatifs à la santé, à l’égalité de genre et à la réduction des inégalités.
Ces interventions s’inscrivent dans l’approche « One UN », favorisant la complémentarité des actions des agences, en appui aux priorités nationales et locales de développement. Elles sont mises en œuvre en étroite collaboration avec les ministères sectoriels, les autorités administratives locales ainsi que les organisations de la société civile.
Des indicateurs au rouge
La région du Guidimakha présente plusieurs indicateurs sociaux et sanitaires particulièrement préoccupants, qui appellent une attention accrue des partenaires au développement.
En matière de fécondité, l’indice synthétique de fécondité (ISF) s’élève à 5,6 enfants par femme, l’un des plus élevés du pays, bien au-dessus de la moyenne nationale estimée à 4,7. Cette situation s’explique notamment par la forte prévalence du milieu rural, le faible accès des filles à l’éducation, la faible pratique de la planification familiale et la persistance des mariages précoces.
Le taux brut de natalité (TBN) est également très élevé, atteignant 36 ‰, classant le Guidimakha parmi les régions les plus fertiles du pays, aux côtés du Gorgol et du Hodh Chargui.
La fécondité des adolescentes demeure une préoccupation majeure : 6,5 % des jeunes filles âgées de 10 à 19 ans sont déjà mères, un taux supérieur à la moyenne nationale (5,1 %) et largement au-dessus de celui observé dans les wilayas du Nord et à Nouakchott.
Sur le plan de l’éducation, la région enregistre un taux d’analphabétisme de 60,67 % chez les personnes âgées de 15 ans et plus, soit le niveau le plus préoccupant du pays. Ce constat traduit un déficit majeur d’accès à l’éducation, avec des conséquences directes sur l’autonomisation des femmes et le développement socio-économique local.
Concernant la mortalité maternelle, le rapport de mortalité maternelle atteint 729 décès pour 100 000 naissances vivantes (RGPH-5, 2023), confirmant que le Guidimakha est l’une des régions les plus touchées de Mauritanie.
Malgré les efforts de sensibilisation et les cadres juridiques existants, ces données traduisent la persistance des inégalités de genre et l’urgence de renforcer les mécanismes de prévention, de protection et de prise en charge des survivantes, tout en intensifiant les actions communautaires et institutionnelles pour éradiquer ces pratiques.
Face à ces enjeux, les agences des Nations Unies dont l’UNFPA,HCDH, l’OIM et le , unissent leurs efforts pour appuyer le gouvernement dans l’amélioration de l’accès des femmes, des jeunes et des adolescents à des services de santé de qualité, la prévention des violences basées sur le genre, et la promotion de l’autonomisation économique et sociale.
Les médias, en tant qu’acteurs clés du changement social, jouent un rôle déterminant dans la dissémination de l’information, la promotion des droits des femmes et des jeunes, et le renforcement de la cohésion sociale. À travers cette caravane, les journalistes seront non seulement des relais d’information, mais aussi des partenaires engagés dans la transformation sociale et la valorisation des initiatives locales réussies.
La première journée de cette caravane a permis à plusieurs intervenants impliqués dans les programmes de l’UNFPA d’exposer sur les réalisations accomplies.
Et la caravane se poursuivra pendant les deux prochains jours avec des visites de terrain prévus à Sélibaby, Comba Ndaw, Djougountro et Tachott.
(Nous y reviendrons)
Bakari Gueye
