MADAR/Nouakchott/Le 21-02-2024
Que se trame-t-il derrière la levée de l’immunité du député Birame Dah Abeid candidat à l’élection présidentielle de juin 2024,
Elle intervient à un moment crucial, à quatre mois jour pour jour de l’élection présidentielle pour laquelle l’éternel second affutait ses armes pour y prendre part.
Mais rattrapé par ses démêlés judiciaires avec une plainte pour diffamation introduite le 13 février dernier par les avocats de Mohamed Ould Mouloud, Président de l’Union des Forces du Progrès (UFP), Birame risque de voir le piège se refermer sur lui si jamais, il écopait d’une condamnation, qui risquerait de le mettre hors de la course.
Et ce serait en tout cas un coup dur pour cet opposant dur à cuire, le seul qui donne du fil à retordre au pouvoir qui ne lui fera pas de cadeau.
La question qui se pose est de savoir pourquoi cette plainte, à ce moment précis et pourquoi cette plainte vient-elle de Mohamed Ould Mouloud un homme politique modèle issue de la vieille école, qui s’est opposé à tous les pouvoirs depuis l’indépendance du pays, qui aura tout vu et tout vécu et qui n’a jamais fait de vagues ?
Etonnant en tout cas, surtout quand on sait que cette accusation ou supposée diffamation n’est que du réchauffé.
Birame l’a déjà faîte à plusieurs reprises et c’était toujours passé inaperçue.
D’ailleurs elle ne concernait pas que Ould Mouloud.
Birame a cité nommément d’autres hommes politiques, y compris le président de la République.
Mais personne d’entre eux n’a daigné répondre, sauf Ould Mouloud.
Ne s’agit-il pas d’un coup monté contre Birame pour l’empêcher de briguer le suffrage des mauritaniens ?
Est-ce là l’application d’une clause sécrète du Pacte Républicain signé entre le parti au pouvoir, l’UFP et le RFD ?
Le pouvoir prendra-t-il le risque d’éliminer le seul candidat potentiellement crédible au risque de ternir un peu plus la démocratie mauritanienne qui peine encore à se relever de la mascarade des élections générales de 2023 unanimement dénoncées par toute la classe politique, opposition et majorité ?
Birame n’est-il pas sanctionné pour ses sorties très peu diplomatiques contre des ministres et autres hauts responsables du pouvoir qu’il n’a pas ménagé depuis sa rupture avec le président Ghazouani ?
Les événements de Rkiz en 2023 et en 2024 n’ont-ils pas été la goûte qui a fait déborder le vase ?
Quoiqu’il en soit, Birame risque de laisser des plumes dans cette affaire. Son excès de confiance, son discours cru et sa carence diplomatique risquent de lui coûter cher.
La plainte déposée le 13 du mois courant devant le Procureur de Nouakchott Ouest n’a pas traîné. Elle a été traitée avec toute la diligence requise et ce malgré la mutation du procureur qui a été remplacée au cours de la semaine.
La procédure est allée très rapidement pour aboutir aujourd’hui, tout juste une semaine plus tard à la levée de l’immunité parlementaire.
Selon Me Lô Gourmo, l’un des avocats de Mohamed Ould Mouloud et par ailleurs premier Vice président de l’UFP il s’agit d’une plainte pour diffamation, dénonciation calomnieuse et insulte qui relèvent du droit commun.
C’est dire que Birame risque gros. Tombera-t-il sous le coup d’une condamnation qui freinera ses ardeurs pour la présidentielle de 2024 ?
Un scénario à la Sonko n’est pas à exclure. Tous les ingrédients sont en tout cas réunis.
Bakari Guèye