Madar/Nouakchott/21-01-2024
On connait désormais la liste définitive des candidats du présidentielle du 25 février. Effectivement, ce samedi le Conseil constitutionnel a publié la liste des 20 candidats sur laquelle on note l’absence de deux opposants Ousmane Sonko, actuellement emprisonné, et Karim Wade, fils et ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade.
A noter que cette liste comprend : le candidat du pouvoir, le Premier ministre Amadou Bâ, les anciens chefs de gouvernement Idrissa Seck et Mahammed Boun Abdallah Dionne, et Bassirou Diomaye Diakhar Faye, présenté comme le candidat de substitution de M. Sonko. Ce candidat de substitution âgé de 43 ans, est membre de PASTEF, parti dissous de M. Sonko, est lui aussi détenu, mais il n’a pas encore été jugé. Il est en prison depuis avril 2023 pour « outrage à magistrat » et « diffamation à l’encontre d’un corps constitué » après un message publié sur Facebook. Quand à Ousmane Sonko, considéré comme personnage central d’un bras de fer de plus de deux ans avec l’Etat qui a donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers, n’est pas sur la liste, comme cela était attendu. Populaire parmi les jeunes, il était donné parmi les favoris de la présidentielle. Après son dernier recours, le Conseil a écarté sa candidature en raison d’une condamnation définitive pour diffamation à six mois de prison avec sursis le 4 janvier qui le rend « inéligible pour cinq ans », une affaire l’ayant opposé au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
Par ailleurs, dans deux autres dossiers, M. Sonko a été déclaré coupable en juin de corruption de la jeunesse et condamné à deux ans de prison ferme, puis écroué fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’Etat, une affaire pendante. C’est dans cette optique que M. Sonko a dénoncé un complot pour l’empêcher de participer à la présidentielle de 2024, ce que le pouvoir dément.
Quant à la Candidature « irrecevable » de Karim Wade, ce dernier fils et ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012), a vu sa candidature jugée « irrecevable » en raison de sa double nationalité française et sénégalaise, selon le Conseil. Tout candidat à la présidence « doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques », dit la Constitution. Karim Wade, 55 ans, né en France d’un père sénégalais et d’une mère d’origine française, a produit une déclaration sur l’honneur datée du 21 décembre selon laquelle il a exclusivement la nationalité sénégalaise, a indiqué le Conseil. Cependant, le document de preuve qu’il a présenté est un décret daté du 16 janvier publié le lendemain au Journal officiel de la République française. La juridiction estime que les effets du décret consacrant la renonciation par M. Wade à sa nationalité française « ne sont pas rétroactifs » et que sa déclaration sur l’honneur a été « inexacte » au moment de son dépôt. De son côté, l’ancien ministre Thierno Alassane Sall, lui-même candidat, avait déposé lundi un recours contre la candidature de M. Wade, la jugeant anticonstitutionnelle. Karim Wade a dénoncé dimanche sur X « une décision scandaleuse » et « un nouveau complot judiciaire », annonçant une saisine des juridictions internationales. Il avait été empêché de concourir à la présidentielle de 2019 du fait de sa condamnation en 2015 à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite. Détenu pendant plus de trois ans, il avait été gracié en 2016 par le président Sall, et vit depuis en exil au Qatar. A cet effet, l’Assemblée nationale avait voté en août une loi lui rendant son éligibilité.
Notons aussi que sur cette liste définitive, est inclut deux femmes, Rose Wardini, gynécologue et actrice de la société civile, et l’entrepreneure Anta Babacar Ngom, ex Directrice de la SEDIMA. C’est la première fois que le Sénégal organise une présidentielle avec autant de candidats.
A moins d’un mois et demi de l’échéance, l’incertitude est totale quant à l’issue de l’élection à deux tours. Et c’est la première fois que le Sénégal organise une élection présidentielle sans la participation du président sortant. Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019, a déclaré en juillet qu’il ne se représenterait pas en février 2024. Il a alors choisi le Premier ministre Amadou Bâ pour lui succéder.
Fatimata DEH