MADAR/Nouakchott le 11-04-2025
La ville de Nouakchott qui connaît depuis quelques années une expansion exponentielle fait face aujourd’hui à de grands défis dont celui des transports urbains n’est pas des moindre.
Pour parer à cette situation un Plan de Mobilité Urbaine Durable (PMUD) a été lancé par le ministère de l’Equipement et des Transports et la Région de Nouakchott. Ce plan est basé sur une stratégie qui vise à assurer aux habitants de la capitale à mieux se déplacer dans l’avenir.
Il y a quelques jours, le ministre de l’Equipement et des Transports a présidé une réunion consacrée à l’avancement de la première phase du projet de mobilité Nouakchott-Horizon 2026.
Cette phase comprend l’achèvement des axes BHNS1 et BHNS2, ainsi que les préparatifs pour l’inauguration de leur lancement qui coïncide avec l’ouverture du pont de l’amitié (Madrid), et les préparatifs pour le lancement de la deuxième phase du projet, qui comprend la mise en œuvre du troisième axe « Madrid -Université de Nouakchott » via l’avenue Gamal Abdel Nasser.
Au cours de la réunion, le ministre a souligné la nécessité de surmonter toutes les difficultés et a exhorté à redoubler d’efforts pour assurer la mise à disposition de tous les mécanismes et moyens pour accélérer le rythme des travaux et achever le projet selon les normes les plus élevées.
Les grandes lignes du projet ARENDDRE
La ville de Nouakchott, subit des pressions d’ordres climatique et démographique. En même temps, l’offre de transports et d’éclairage public est limitée. Le projet ARENDDRE est Financé par l’Union européenne et soutenu par des partenaires internationaux tels que le FMDV, Grand Paris Sud, le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) et le Centre International d’Etude du Développement
Économique Local (CIEDEL) . Le projet vise à renforcer la résilience climatique de la ville tout en améliorant les conditions de vie des populations les plus vulnérables, en particulier les femmes. Il vise à développer les mobilités urbaines durables, abordables et sécurisées pour les populations.
Le projet ARRENDRE piloté par la Région de Nouakchott, vise à améliorer les conditions de vie et de mobilité des populations vulnérables.
L’objectif est de développer une offre de transport et d’améliorer la sécurité dans l’espace public. La mise en service de 2 lignes pilotes et l’installation de 526 lampadaires solaires avec un système de gestion à distance s’est faîte au bénéfice, en particulier, des femmes et des enfants habitant les quartiers périphériques du Nord et de l’Est de la ville.
Le Projet d’Appui à la Région de Nouakchott (RN) pour un Développement durable et Résilient (ARENDDRE) / Plan de mobilité urbaine durable (PMUD) est financé à hauteur de 48 000 000 MRU, soit 1 200 000 €.
Les principaux objectifs du projet sont les suivants : Améliorer et pérenniser les services de mobilité :augmenter la fréquentation des lignes, ajuster l’offre (fréquence, horaires, arrêts) ; intégrer les besoins des nouveaux quartiers ;développer des outils d’information pour les usagers ; Soutenir les populations vulnérables : former les femmes aux métiers du transport ; soutenir les activités économiques via les kiosques aux arrêts de bus ; faciliter l’accès aux bus pour des usages spécifiques (sorties scolaires) ; Réduire l’impact environnemental : étudier la mise en service de bus verts ; sensibiliser à la qualité de l’air ; installer des arrêts de bus végétalisés ; Renforcer la sécurité :développer des programmes de sensibilisation à la sécurité routière et organiser des ateliers pour les femmes sur la sécurité dans les transports.
Dans le cadre du projet, une stratégie de mobilité a été adoptée avec le Plan de Mobilité Urbaine Durable (PMUD). En octobre 2023, la Région de Nouakchott, en partenariat avec la Société de Transport
Public (STP), a lancé deux lignes de bus pilotes desservant les quartiers périphériques.
Il s’agit aujourd’hui de pérenniser l’exploitation de ces 2 lignes de bus et d’assurer leur passage à l’échelle, en intégrant un nouveau quartier périphérique.
Ce projet doit également permettre de renforcer les bénéfices de la mise en place d’un service de transport en commun pour les populations vulnérables et tout particulièrement pour les femmes.
Enfin, des solutions innovantes de « bus vert » seront étudiées lors des nouvelles phases du projet.
Contexte
Située sur une plaine côtière, la ville de Nouakchott est menacée par des perturbations environnementales liées au changement climatique, comme la montée des eaux. Accueillant plus d’un quart de la population du pays, elle subit en outre d’importantes pressions démographiques. En parallèle, l’offre en transports et en éclairage publics est limitée. Privées de ces services, les populations, en particulier les femmes et les filles, subissent une insécurité accrue et une limitation de leur autonomie économique.
Dès 2018, la région de Nouakchott a acquis des compétences en planification et en aménagement du territoire. Le projet « Appui à la région de Nouakchott pour un développement durable résilient et équitable » – ARENDDRE vise à concevoir de nouveaux outils pour mieux maîtriser le développement urbain, notamment grâce à la mise en place de mobilités durables.
Le programme du projet se décline en 4 composantes :
-Améliorer les conditions de vie des populations, en particulier des femmes et des jeunes filles des quartiers périphériques, en accompagnant la transition urbaine et énergétique de la région.
-Favoriser l’adoption de modes de mobilité durables, sécurisés, abordables, moins polluants, sobres en consommation énergétique tels que les transports urbains et la mobilité pédestre.
-Renforcer les capacités de planification durable des secteurs du déplacement et de la sécurité urbaine tout en atténuant les effets du changement climatique.
-Promouvoir l’intégration urbaine des quartiers périphériques pour un développement urbain équitable et durable via des actions innovantes.
Impacts attendus
La mise en œuvre de cet ambitieux projet devrait se traduire par les impacts suivants :
-Adoption par la région d’un plan de mobilité urbaine durable concerté.
-Élaboration concertée de la planification de l’éclairage public et expérimentation des conditions sur un ou plusieurs quartiers.
-Élaboration concertée d’un plan d’intégration des solutions basées sur la nature autour de la mobilité urbaine et expérimentation sur un ou plusieurs quartiers.
-Mise en place de deux lignes de transport urbain pilotées grâce à un système intelligent.
-Réalisation de tests d’équipement en lampadaires solaires « intelligents » permettant une maintenance en temps réel.
-Renforcement des services de la région pour mettre en œuvre des actions tests à l’échelle de la ville.
Caractère exemplaire et innovant
Le caractère innovant du projet réside dans l’introduction de méthodologies participatives, intégrées et co-construites avec l’ensemble des parties prenantes, notamment les populations locales. Ces méthodes seront mises en œuvre à l’aide d’ateliers de concertation, de démarches participatives et de living labs. Elles devraient contribuer à améliorer les capacités techniques de la région de Nouakchott dans l’élaboration d’actions innovantes. Elles permettront en outre la création d’un environnement partenarial et de collaboration en impliquant l’ensemble des parties prenantes. Enfin, elles faciliteront la mise à l’échelle du projet.
L’approche « living lab » permet de concevoir et de tester des solutions innovantes sur mesure et à petite échelle, dans un souci de réplicabilité. Elle favorise l’appropriation des projets par les usagers, permet de choisir des technologies plus adaptées aux conditions locales et de réduire les risques d’investissements et de gestion.
Enfin, le projet explorera des solutions fondées sur la nature pour lutter contre l’ensablement des voies et fournir des zones d’ombrage propices au développement des déplacements pédestres.
Projet Mobilité Nouakchott à l’horizon 2026
La ville de Nouakchott connaît une croissance démographique exponentielle, accompagnée d’une expansion urbaine horizontale constante, qui provoque de graves embouteillages, notamment au niveau des principaux carrefours routiers et axes, nécessitant la mise en place d’infrastructures routières modernes qui contribuent à résoudre cet épineux problème.
Ainsi, le Projet Mobilité Nouakchott à l’horizon 2026 est une idée qui allie fluidité du trafic et amélioration du visage urbain de la capitale
Son adoption par les autorités, répond au souci de rendre les citoyens heureux et de leur permettre de se déplacer facilement.
Il s’agit en fait d’une vision intégrée du développement du transport urbain dans les différents quartiers de la capitale.
Ce projet comprend des ponts, des intersections et des structures équipées pour atteindre un système de transport public efficace et de grande capacité à travers des voies réservées.
Il permettra également d’assurer un système de transport par bus de qualité, sur 51 km de lignes réservées, dans tous les quartiers de Nouakchott, avec la réhabilitation des carrefours routiers au niveau des principales intersections routières en plus de la gestion intelligente et la préparation de la circulation.
Des voies piétonnes et cyclistes pour assurer une meilleure circulation dans un dense environnement urbain.
Le projet de mobilité de Nouakchott, adopté par le Conseil des ministres le 11 janvier 2023, vise ainsi à résoudre le problème du transport urbain et à encourager la transition de l’utilisation des voitures personnelles vers le transport en commun.
Ce qui s’effectuera à travers l’utilisation des bus rapides, tout en améliorant l’aspect urbain autour des principaux axes routiers reliant la capitale aux autres Wilayas.
Ce projet intervient en réponse aux défis liés à la mobilité urbaine à Nouakchott en anticipant la croissance rapide des déplacements automobiles et en réduisant la contribution du secteur des transports aux émissions de gaz à effet de serre.
Le projet s’inscrit aussi dans le cadre du Plan de Mobilité Urbaine Durable « PMUD -Nouakchott 2040, qui a identifié cinq lignes de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) en utilisant des passages spéciaux à exécuter d’ici 2026. Ainsi, en plus de certaines mesures d’accompagnement visant à préparer les infrastructures, il comprend 3 étapes, dont la première consiste à préparer trois lignes sur cinq pour le transport par Bus Rapides de Haute Qualité (BHNS).
La longueur de ces trois lignes est de 36 km.
D’abord la ligne 1 (BHNS1) est longue de 11 km et comporte 11 stations sur des voies réservées s’étendant du pont Taazour au pont de l’Amitié (Madrid).
La ligne 2 (BHNS2) a une longueur de 10 km et compte 13 stations sur des voies réservées. Cette ligne relie Toujounine à la Polyclinique, en passant par le Pont de l’Amitié (Madrid).
La ligne 3 (BHNS3) a une longueur de 15 km et compte 17 stations sur des voies réservées. Cette ligne s’étend du pont de l’Amitié (Madrid) jusqu’au complexe universitaire, en passant par le Centre National de cardiologie, la routes Cheikh Zayed et Jemal Abdel Nasser (en passant par le carrefour « Sabah » et le carrefour « BMD »).
Durant la première phase de ce projet, 112 bus sur les 180 bus qui seront acquis d’ici 2026 ont été achetés. Ces bus se composent de :62 bus climatisés de haute qualité d’une capacité de 150 passagers, conçus pour assurer le confort et équipés des dernières technologies de surveillance et d’information des passagers.
50 nouveaux autobus réguliers d’une capacité de 80 passagers, en plus de deux camions pour remorquer les autobus en panne et de deux ateliers mobiles.
Trois feux de signalisation intelligents ont été installés aux principaux carrefours, grâce au financement de la région de Nouakchott.
Ils permettront de réduire le temps de parcours des bus, ce qui contribuera à améliorer la fluidité du trafic et à augmenter la vitesse commerciale du (BHNS).
Cette gestion intelligente de la circulation permettra également de donner la priorité aux bus aux intersections grâce à des capteurs installés sur les bus et aux feux de signalisation. Ces dispositifs identifieront les bus s’approchant de l’intersection et enverront des informations à l’unité de contrôle des feux de circulation, permettant ainsi de donner la priorité aux bus.
Des procédures d’accompagnement ont été entreprises dans le cadre de la première phase de ce projet dont la réorganisation des lignes de transport urbain via les taxis et leur différenciation par des couleurs et des numéros de série, la fixation du statut des véhicules à trois roues qui effectuent le transport urbain de personnes et la limitation de leur activité en dehors du centre-ville à trois groupes géographiquement répartis sur le reste de la zone urbaine et au-delà.
Il y a aussi la révision du système de transport de marchandises dans le centre-ville et la fixation d’horaires spéciaux pour la circulation des camions, en plus de la libération de l’espace public exploité de manière anarchique par les magasins, les vendeurs ambulants, les ateliers industriels et artisanaux.
On compte aussi parmi ces mesures, la création d’un nouveau système pour développer et numériser le suivi et la dissuasion des infractions au code de la route, en commençant par les infractions qui affectent le plus la circulation et la sécurité routières.
Ce projet vital et important devrait donner une apparence civilisée décente à tous les quartiers de Nouakchott, en améliorant les intersections routières aux principaux carrefours et en assurant une meilleure fluidité du trafic routier.
Une demande de mobilité en forte croissance
La population de la capitale devrait atteindre 2,2 millions d’habitants en 2040, soit un quasi doublement en 18 ans.
Nouakchott est une ville en voie de motorisation. Entre 2005 et 2022, le nombre de véhicules en circulation a plus que doublé. En 15 ans 100.000 nouveaux véhicules ont été introduits dans la circulation. En effet, après une croissance stable de 5 à 10% par an, la loi de 2014 interdisant l’importation de véhicules de plus de 8 ans a freiné cette évolution. Depuis 2021, la levée de cette interdiction a stimulé le marché automobile. Entre 2005 et 2020 on passe de 92.000 à 195.000 véhicules. En 2017, 23% des ménages enquêtés à Nouakchott possèdent au moins un véhicule.
Selon les dernières statistiques rendus publics en novembre 2024 par l’Observatoire de la Mobilité Urbaine de Nouakchott, 1.447 000 habitants sont recensés à Nouakchott en 2023 (+500.000 habitants en 10 ans, soit + de 4% par an).
On a comptabilisé 3,3 millions de déplacements journaliers dont 58% réalisés à pied.
On compte 200 minibus qui ont longtemps été le principal moyen de transport urbain, avant l’arrivée des transports institutionnels en 2010.
La Société de Transport Public (STP) a su faire preuve d’une grande efficacité et réussi un important redressement après des premières années difficiles.
Forte d’un mécanisme de subvention solide, elle s’impose comme un acteur important, innovant et social pour la mobilité de Nouakchott.
En 2022, le service offert s’appuie sur 300 agents et 178 bus. Le réseau compte 33 lignes en 3 services distincts (universitaire, urbain et minibus).
En 2018, le Plan Mobilité Urbaine Durable (PMUD) piloté par la Région de Nouakchott a été adopté.
Un partenariat STP/Région de Nouakchott a permis la mise en service de 2l lignes (R11 et R12), au bénéfice en particulier des femmes et des enfants habitant les quartiers périphériques du Nord et de l’Est de la ville. Lors de la 1ère année, ces lignes ont transporté 144 247 passagers.
A noter par ailleurs l’essor des Tuk-tuk. Introduits récemment, ils sont près de 350 recensés en 2021.En 2023 ils ont été introduits au centre-ville.
Il y a aussi les fameux taxis. Avec environ 4000 taxis (avec chauffeurs licenciés et non-licenciés « Jawal »), ils sont le principal mode de transport artisanal à Nouakchott.
Une nouvelle offre haut de gamme via des plateformes numériques vient moderniser ce secteur.
Ainsi à Nouakchott, on note une offre de transport en commun en cours de structuration.
L’offre de transport par bus de la STP, constitue la seule offre de transport de masse structurée. En 2022, le réseau transportait 50.000 passagers par jour sur plus de 400 kms de lignes.
Les taxis restent le principal moyen de transport collectif. Près de 822.000 déplacements sont réalisés chaque jour en taxi. Ces véhicules sont aujourd’hui vétustes, source d’insécurité routière et de pollution.
En l’absence d’une politique de transport ambitieuse, la mobilité à Nouakchott en 2040 restera assurée par des véhicules polluants et peu sûrs. Et les conséquences sur la mobilité seront multiples notamment : Un doublement du nombre de véhicules privés (voitures 4X4) en circulation, et des pollutions liées (particules fines, CO2…) ; des investissements routiers qui ne parviendront pas à répondre aux besoins en l’absence de coordination ; et un risque fort d’accentuation des inégalités sociales, et des difficultés de déplacement qui se feront sentir sur l’économie de la région.
Il convient donc d’agir sur la mobilité afin d’impacter positivement la qualité de vie.
En effet, le système de transport urbain doit être considéré comme un catalyseur du développement économique. Il doit permettre à tous d’accéder aux opportunités d’emploi, d’études, de soins, d’achats et de loisirs…
Les actions planifiées par le PMUD, à l’horizon 2040 doivent permettre de réduire de 38% les volumes d’émission de gaz à effets de serre (GES).
Avec le PMUD, on table sur 50 km de bus à haut niveau de service dès 2026 et 50 km de transport de masse supplémentaires d’ici 2040 ; 6500 taxis renouvelés ; 8 plans locaux d’urbanisme qui encadreront le développement multipolaire des différentes communes ; et un réseau continu de trottoirs et de pistes cyclables ombragées en centre-ville.
Ainsi, la stratégie du PMUD est d’organiser une offre multimodale renforcée dans une ville multipolaire.
A noter enfin que le plan d’action du PMUD se compose de 34 actions dont l’avancement et le niveau de connaissance en termes de financement sont très divers. Certaines sont à programmer facilement, leur lancement est prévu à court terme avec un budget assez précis. D’autres nécessitent des études techniques, ou en réflexion plus poussée et leur maturité ne permet pas de les chiffrer ou de les planifier.
Bakari Gueye