MADAR/Nouakchott le 25-07-2025
« La Mauritanie, le Mali et le Sénégal doivent s’unir face au terrorisme transfrontalier », selon un rapport de l’Institut d’études de sécurité (ISS) basé en Afrique du Sud.
Un récent rapport de l’Institut international d’études de sécurité (ISS), spécialisé dans les affaires africaines, publié hier, met en garde contre une recrudescence des attaques terroristes dans l’ouest du Mali, en particulier dans les villes de Kayes et de Nyoro, qui bordent à la fois la Mauritanie et le Sénégal.
L’Institut, qui a des bureaux régionaux au Kenya, en Éthiopie et au Sénégal, a souligné que tout siège des villes de Kayes et de Nyoro par des groupes terroristes serait catastrophique pour les trois pays, ajoutant que l’ouest du Mali, qui borde la Mauritanie et le Sénégal, est la région la plus vulnérable aux attaques terroristes, compte tenu de son importance pour l’économie et la sécurité de ces pays.
Selon le rapport, le renforcement de la coopération avec ces trois pays est nécessaire pour juguler cette menace croissante.
Le rapport met en garde contre la gravité de la menace proférée par le groupe Nusrat al-Islam wal-Muslimin d’assiéger les villes de Kayiye et Nyoro en représailles au soutien supposé de leurs habitants à l’armée.
Le rapport prédit des répercussions socio-économiques catastrophiques au-delà du Mali, notamment au Sénégal et en Mauritanie, qui partagent cette région transfrontalière vitale avec le Mali.
Cette menace sécuritaire expose les corridors commerciaux et énergétiques entre ces pays à une paralysie potentielle.
Le rapport décrit Kayiye comme la principale voie d’approvisionnement du Mali, et la détérioration de la sécurité pourrait perturber le commerce avec les pays voisins et nuire à la croissance économique, en particulier dans le secteur minier, notant que tout blocus de Kayes et de Nioro perturberait les corridors commerciaux Dakar-Bamako et Nouakchott-Bamako, ainsi que la route Dakar-Bamako, qui est un corridor commercial majeur entre le Mali et le Sénégal, et le port de Dakar, par lequel transitent 70 % des importations et des exportations du Mali, est une porte d’entrée essentielle pour ce pays prisonnier.
La région de Kayiye abrite des barrages hydroélectriques qui fournissent de l’électricité au Mali, à la Mauritanie, au Sénégal et à la Guinée, et tout blocus pourrait constituer une menace réelle, selon le rapport.
Les récentes attaques à Kayiye reflètent la complexité des défis sécuritaires auxquels sont confrontés le Mali et ses voisins, et une réponse multiforme et coordonnée impliquant les trois pays est désormais nécessaire.
Sur le plan de la sécurité, le rapport note qu’un mécanisme de coopération transfrontalière a été mis en place depuis 2007, y compris des réunions régulières entre les commandants des régions de Tambacounda et de Kedougou au Sénégal, de la région de Kayes au Mali et de la région de Celebabi en Mauritanie, au cours desquelles des patrouilles conjointes sont effectuées et des informations de renseignement sont échangées.
Malgré l’existence d’une coopération en matière de sécurité et de renseignement entre ces trois pays, le rapport suggère que les trois pays renforcent la capacité opérationnelle de leurs forces déployées, échangent des renseignements et acquièrent des systèmes de détection des drones espions et suicidaires, qui représentent un risque important pour les soldats, les infrastructures et les sociétés minières de la région.
Le rapport suggère de s’attaquer aux déséquilibres socio-économiques qui alimentent les frustrations et constituent un terreau fertile pour le recrutement de terroristes, en notant que malgré l’important potentiel agro-pastoral et les réserves d’or des deux côtés de la frontière entre le Sénégal et le Mali, la population locale reste extrêmement pauvre, avec des investissements minimes dans les infrastructures, les soins de santé, l’éducation, l’eau et l’électricité.
Le rapport recommande également une nouvelle approche de la sécurité et de la coopération économique entre l’Alliance du Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en faisant valoir que cette coopération pourrait être alignée sur l’activation du processus de Nouakchott – lancé par l’Union africaine en 2013 pour renforcer la coopération et le partage de renseignements entre les pays sahélo-sahariens confrontés au terrorisme et à la criminalité transfrontalière.