MADAR/Nouakchott/Le 20-12-2023
La Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel a organisé hier à Nouakchott un atelier de formation et de sensibilisation sur le piratage audiovisuel par internet.
L’atelier vise entre autres à faire un état des lieux sur le piratage audiovisuel par internet en Mauritanie ; à mener une réflexion sur les dispositifs légaux à mettre en place et les méthodes, outils et moyens pratiques de lutte contre le piratage ; de mettre en place un mécanisme de démantèlement des têtes de réseaux IPTV pirates, des revendeurs d’offres illicites et enfin de s’accorder sur un mécanisme de lutte contre ce type de piratage.
Dans son mot d’ouverture, Houssein Ould Medou, Président de la HAPA a affirmé que l’atelier vient à point nommé, le piratage audiovisuel étant l’un des principaux obstacles de développement de contenus et de création des œuvres audiovisuelles et constitue un défi majeur pour la protection du public contre les programmes et les émissions dangereux.
Ould Medou a rappelé les dernières activités impliquant la HAPA dans ce même cadre. Il a cité le séminaire sur « le pluralisme et le discours de la haine » qu’engendre les réseaux sociaux et qui peut se retrouver au niveau de l’audiovisuel.
Il a également évoqué le colloque international organisé récemment en collaboration avec le Réseau francophone des régulateurs des médias (REFRAM) et qui a porté sur le thème de « l’audiovisuel à l’ère du numérique : acquis et défis »
Le président de la HAPA a par ailleurs ajouté que l’atelier est une occasion d’échanges entre professionnels, régulateurs, diffuseurs, producteurs et institutions gouvernementales.
Plusieurs panels étaient au menu de cet atelier qui a vu la participation de représentants de divers départements et agences gouvernementales et de la Société Civile.
Les 4 panels animés par des experts nationaux et internationaux (Sénégal, France) en audiovisuel et en NTICs ont porté respectivement sur l’état des lieux de l’exploitation illicite des programmes audiovisuels par internet, et la sécurité numérique des medias ; sur la réglementation nationale sur la diffusion et la distribution des programmes audiovisuels (loi 045-2010 et loi 22-2022) ; sur la forme générale de piratage, méthodes et acteurs, moyens et conséquences et enfin sur les outils techniques, juridiques pour lutter contre le piratage, avec la mise en évidence de l’expérience de certains pays.
Origine et développement de l’internet
Dans son exposé introductif Mohamed Ahmed Abderrahmane, expert en NTIC est longuement revenu sur l’arrivée d’internet défini comme étant un réseau informatique mondial. C’est le réseau des réseaux. Il a débuté en 1965 avec la création du concept de communication par paquets, les fameux datagrammes. En 1969 c’est la mise sur pied du réseau du ministère américain de la défense. En 1974 on assiste à la naissance des réseaux locaux avec le développement des protocoles de communication avec les adresses IP puis TCP. 1980 c’est l’avènement de l’Arpanet et le lancement de l’internet civil. Et il faut attendre 1990 pour voir l’avènement de l’internet avec les fournisseurs. En 1991 LE World Wide Web (www) a été créé. En 1993 c’est la naissance des premiers navigateurs. Et suivront les courriers électroniques, les forums, les réseaux, les clouds, le commerce électronique…
Le panéliste a aussi expliqué des notions telles que les nœuds de réseaux, les débits (capacités de transmission) en soulignant la grande différence qui existe entre les satellites et les câbles sous-marins qui assurent la diffusion de 99% de l’internet dans le monde. On compte aujourd’hui 500 câbles sous-marins d’une longueur totale de 1,3 millions de kms soit 3 fois le tour de la terre.
De 2021 à 2024, plus de 4 milliards de dollars ont été dépensés pour la construction de câbles sous-marins.
L’un de ces câbles mesurant 45.000 km (projet Orange/Facebook) assure à lui tout seul 36% de la connexion dans le monde.
Abordant le cadre juridique des lois de la Société de l’Information, l’expert a rappelé l’importance des deux grands forums de Tunis en 2003 et de Genève en 2005.
S’agissant des enjeux de la sécurité de l’internet ils concernent la cybercriminalité, la sécurité des réseaux, la protection de la vie privée, la sécurité des appareils et la sécurité des données.
Quant aux défis il y a le Big Data, l’Intelligence Artificielle (I.A), la 5G et la 6G (prévue en 2030).
En 2024, on table sur 80 milliards d’objets connectés. De ce fait, l’identité numérique s’impose, la souveraineté numérique aussi.
Internet en Mauritanie : 7% de taux de couverture, un des taux les plus faibles du monde
En Mauritanie le début de l’internet remonte à 1996. Mais déjà en 1989, l’Institut Supérieur Scientifique (ISS) de Nouakchott était le point focal du réseau de l’UNESCO.
En 1990 il y a eu la création de la Commission Nationale de l’Informatique ; 1991 naissance du Forum scientifique et technique ; 1995 début de l’introduction des ordinateurs ; 1998-1999, le 1er centre internet du gouvernement voit le jour ; En 2000 création du NIC Mauritanie et rapatriement des serveurs pour les héberger à Nouakchott. En 2001 c’est la création du Secrétariat d’État auprès du Premier Ministre chargé des Technologies nouvelles (SETN). En 2002 lancement de la Stratégie Nationale pour le développement des NTIC ; 2006 attribution de la licence 3G ; en 2007 création d’un département ministériel ; 2012 mise en service du câble sous-marin ; 2013 loi sur les communications électroniques ; 2014 Lancement du projet WARCIP ; 2015 Renouvellement des licences 2G pour Mattel et Mauritel ; 2016 Adoption des lois sur la SMI ; 2020 Attribution des licences 4G et adoption d’une stratégie sur la promotion du haut débit ; 2021 Création du Ministère de la Transformation Numérique, de l’Innovation et de la Modernisation de l’Administration (MTNIMA) ; 2022 Adoption de l’Agenda Numérique 2022-2025, Adoption d’une Stratégie sur la cybersécurité et Création de l’Autorité de Protection des données à caractère personnel ; 2023 Création de l’ANETAT, Signature de l’accord de financement du Programme Régional d’intégration numérique en Afrique de l’Ouest (WARDIP).
Au sujet de la connectivité la Mauritanie recevait l’internet à partir du Sénégal avec une puissance faible d’1 Géga mais avec le câble sous-marin mis en service en 2012 la puissance du net a été multipliée par 40.
Quant à l’accès au service le taux de couverture de la 2G n’est que de 7% au niveau national (90% pour la capitale Nouakchott). Il est de 1% pour la 3G et la 4G. Ce taux de couverture est l’un des plus faibles du monde, la Mauritanie étant à l’avant dernière place devant le Niger. Cette faiblesse de la couverture s’explique en grande partie par l’immensité du territoire national mais aussi par la nature des cahiers de charges.
Malgré cela, le secteur connaît une dynamique importante avec un chiffre d’affaires de 5 milliards en 2022. La consommation de l’internet connait aussi une évolution de 37% soit 3,8 Géga par personne et par mois.
Et pour les prix ils connaissent une baisse nette note l’expert qui cite une étude récente selon laquelle seuls au Nigéria et au Ghana le service internet est moins cher qu’en Mauritanie.
Avec 1400 Gigas, les capacités du pays sont importantes mais seuls 183 Gigas sont utilisés par les opérateurs, le marché étant très faible.
Ainsi Mauritel utilise 103 gégas, Mattel 40 Gégas et Rimatel 20 Gégas.
Les perspectives sont jugées bonnes avec un taux de pénétration du haut débit estimé à 95% à l’horizon 2030 avec 16 Gégas par mois et par abonné.
Bakari Gueye