MADAR, Nouakchott – Un dysfonctionnement quasi total des services Internet a été observé à partir de 22h45 à Nouakchott et dans certaines villes de l’intérieur de la Mauritanie. Parmi les principaux réseaux de communication et ceux nouvellement autorisés à fournir Internet, seule une entreprise a pu maintenir un service avec beaucoup de difficulté, selon les essais effectués par Madar, car les services fixes et mobiles ont été interrompus chez les autres fournisseurs.
La Mauritanie et la Sierra Leone subissent une interruption quasi totale qui affecte également les pays d’Afrique de l’Ouest partageant le même câble sous-marin du fournisseur nord-atlantique, en raison d’une panne à un point de distribution situé dans les îles Canaries espagnoles. Selon NETBLOCKS et des réseaux de surveillance indépendants, l’impact est moyen au Mali et léger au Liberia, en Guinée équatoriale et en Gambie.
Les services gouvernementaux numérisés, comme l’application « Houyati » gérée par l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés, ont immédiatement cessé de fonctionner. De même, les services de trois portefeuilles numériques, récemment utilisés pour les transactions financières dans le pays, ont été interrompus. La plupart des sites des secteurs gouvernementaux, ainsi que le site officiel de la présidence de la République, ont disparu.
À la fin du mandat du président précédent, Mohamed Ould Abdel Aziz, la Mauritanie avait signé un accord de financement pour un nouveau câble sous-marin afin de renforcer le câble existant qui fournissait Internet au pays, ainsi qu’un câble de transit vers les pays d’Afrique subsaharienne. En mai 2022, l’ancien ministre de la transformation numérique, Cheikh El Kebir Ould Moulaye Taher, avait annoncé le lancement imminent de ce second câble pour améliorer l’infrastructure numérique.
Les autorités frontalières mauritaniennes luttent contre l’importation et l’utilisation des dispositifs Internet par satellite en orbite basse, lancés par la société SpaceX du magnat américain d’origine sud-africaine Elon Musk. Pendant ce temps, le réseau 4G ne couvre que Nouakchott, Nouadhibou et quelques capitales régionales. Le reste des villes et des municipalités du pays souffrent d’une mauvaise qualité des services de télécommunications et d’Internet, voire de l’absence totale de ces services.
Des partenaires internationaux, dont la Banque mondiale, ont financé l’extension du réseau Internet à large bande avec un montant de 2 132 935 dollars américains en 2021 et 2022, selon le site de la Banque mondiale.
Malgré cela, l’infrastructure numérique reste en deçà des attentes, selon des déclarations officielles et des experts. Alors que de plus en plus de Mauritaniens se tournent vers les services numérisés, les perturbations de l’Internet sont fréquentes, la dernière remontant à environ un an, causée par ce que les sources ont décrit comme une maintenance régulière du câble sous-marin par Mauritel, le fournisseur exclusif de services pour les entreprises de télécommunications et d’Internet sans fil autorisées dans le pays.
En décembre 2021, le président actuel, Mohamed Cheikh El Ghazouani, a posé la première pierre d’un centre de données de première classe pour un coût annoncé de 3,3 milliards d’ouguiyas anciennes, visant à réaliser des objectifs de souveraineté numérique et de localisation des données nationales. Le gouvernement avait estimé la durée des travaux à 480 jours, mais l’entrée en service du centre n’a pas encore été annoncée. Le dernier message sur le site du ministère de la Transformation numérique, avant sa disparition suite à la perturbation de l’Internet aujourd’hui, indiquait que « les travaux sont en cours pour créer un centre de données de niveau trois, permettant de stocker les données numériques des citoyens ». On ignore encore si le gouvernement prévoit de fournir des services de secours pour le centre de données prévu et de quelle source.
