La question d’un troisième mandat pour le président sénégalais Macky Sall a finalement été reléguée aux calendes grecques. Cette question lancinante a occupé le devant de la scène politique nationale pendant très longtemps.
Mais face à l’union sacrée de l’opposition au sein de la coalition Yewwi Askan Wi et à la forte mobilisation populaire, des jeunes notamment, le président Sall s’est finalement rendu à l’évidence et a pris la décision le 3 juillet dernier de ne pas se présenter en 2024 pour un 3ème mandat.
Cette décision est intervenue dans un contexte de forte tension marqué par de violentes émeutes, des émeutes devenues récurrentes depuis les manifestations de 2021 survenues à la suite de l’arrestation le 3 mars de la même année de l’opposant Ousmane Sonko, une des principales figures de l’opposition.
Ses démêlés avec le pouvoir, ses nombreuses arrestations et autres jugements ont fini par avoir raison de sa tenacité et le pouvoir lui a porté le coup de grâce suite à sa condamnation dans le fameux dossier « Adji Sarr ».
Son camp dénonce une « tentative de liquidation politique » de la part du président en exercice Macky Sall.
Ainsi avec l’élimination de la course du maire de Ziguinchor et le renoncement du président Sall qui mise sur son dauphin Amadou Bâ comme candidat du parti présidentiel Benno Bok Yakar, la présidentielle de 2024 s’annonce très ouverte.
La compétition mettra aux prises de grosses pointures de la politique sénégalaise, entre autres Khalifa Sall, le président du parti Taxawu Sénégal.
En effet, le 5 août, les députés sénégalais ont voté à une large majorité le projet de loi portant révision du code électoral, lequel rétablit dans ses droits civiques et politiques toute personne frappée d’incapacité électorale après avoir été condamnée à une peine d’emprisonnement ou d’amende.
Ce vote ouvre ainsi la voie à l’éligibilité de l’ancien maire de Dakar et de Karim, le fils d’Abdoulaye Wade.
Parmi les candidats en vue il y a aussi Mme Mimi Touré, ex Première ministre. Dans la course aussi Idrissa Seck, Madiké Niang, Issa Sall et bien d’autres.
Et parmi tous ces candidats le dauphin de Macky Sall Amadou Ba fait figure de force tranquille disposant d’atouts certains même s’il est contesté au sein même de son parti.
En 2008, il occupait la direction générale des impôts et domaines, puissante institution de l’administration publique sénégalaise. En 2013, un an après son élection, Macky Sall l’avait propulsé à la tête du ministère de l’économie et des finances. Un poste capital pour gagner en influence au sein du parti.
Et depuis il est monté en grade. Au niveau du ministère des finances, il a piloté les prêts pour des mégaprojets d’infrastructures comme le train express régional (TER), l’autoroute à péage ou le supercalculateur de Diamniadio.
Actuellement c’est la course vers la fiche des parrainages.
C’est en effet cette fiche qui permettra aux potentiels candidats, de solliciter des parrainages sur le terrain, afin de voir leurs candidatures validées, pour concourir à la prochaine présidentielle.
Selon la loi électorale du pays, chaque candidat a le choix entre se faire parrainer par des électeurs, encore appelé Parrainage citoyen ou par des élus.
En fonction des choix, l’article 120 du code électoral sénégalais fixe à un minimum de 0,6 % et un maximum de 0,8 % de signatures des membres du corps électoral, si l’on décide de solliciter les électeurs comme parrains.
Sinon, le candidat aura besoin des signatures de 8 % des députés dont le mandat est en cours à l’assemblée Nationale, à défaut d’avoir 20 % de maires et présidents de conseils départementaux.
Concrètement, cela fait entre 44.231 et 58.975 signatures d’électeurs venant de 7 régions sur les 14 que compte le pays, avec un minimum de 2 000 par région, pour ceux qui auront choisi de solliciter les électeurs.
Pour ceux qui choisissent les élus, ils ont besoin de 13 députés ou 120 maires et présidents de conseils départementaux.
Les dés sont donc jetés pour cette élection présidentielle cruciale pour l’avenir de la démocratie sénégalaise et du pays de la Téranga.
La Rédaction